Qui était… Jeanne Mance ?
A force de passer régulièrement par le Parc Jeanne Mance, j’ai fini par me demander qui était cette femme, et ça m’a donné une idée de rubrique pour ce site. Comme dans toutes les ville, il y a de nombreux lieux à Montréal qui portent le nom d’hommes et de de femmes illustres, mais la plupart d’entre nous, surtout quand on est un nouvel arrivant, ne savons pas qui se cachent derrière. Lafontaine, Olmsted, Maisonneuve, Papineau, Berri, Laurier, tous ces noms familiers ne sont pas que des parcs, des rues ou des chemins ! Je vous propose donc d’en savoir un peu plus sur ces eux, en commençant par Mademoiselle Mance.
Jeanne Mance est connue pour être la première femme non-autochtone à poser le pied sur l’île de Montréal. Cette française, née en 1606 à Langres, a consacré la première partie de sa vie à soigner les victimes de la guerre de trente ans, et les malades de la peste. À 34 ans, elle ressent le besoin impétueux de traverser l’Atlantique et d’aller aider les missionnaires de la Nouvelle-France.
Elle reçoit pour ce faire le soutien de la femme du Roi Louis XIII, Anne d’Autriche, et accepte la donation de Madame de Bullion et de la Société Notre-Dame de Montréal qui veulent doter Montréal d’un hôpital sur le modèle de l’Hôtel-Dieu de Québec.
Elle embarque à La Rochelle le 9 mai 1641, et accoste 3 mois plus tard. Au printemps 42, elle arrive sur l’ïle de Montréal avec Paul Chomedey, sieur de Maisonneuve, et participe à la fondation de la ville.
Très vite, elle se concentre sur la construction d’un Hôtel-Dieu pour soigner les blessés. Le premier centre de soins voit le jour en 1645, dans le Vieux-Montréal, mais il ne peut accueillir que 8 personnes. Un autre Hôtel-Dieu, plus grand, est construit à proximité du Mont-Royal. Il est inauguré en 1654, et Jeanne-Mance en devient la directrice jusqu’à sa mort, en 1673. Sa dépouille repose depuis dans la crypte de la chapelle de l’actuel Hôtel-Dieu. Au cours de son histoire, l’Hôtel Dieu a subit des agrandissements, des incendies, des reconstructions, pour aboutir plus de trois siècles plus tard à l’hôpital que nous connaissons aujourd’hui.
En 1909, une statue la représentant à été érigée devant l’Hôtel-Dieu. En 1910, un mouvement populaire demande que le parc situé en face du Mont-Royal et jouxtant l’Hôtel-Dieu porte de le nom de sa première directrice. Il faudra cependant attendre 1990 pour qu’il soit officiellement rebaptisé Parc Jeanne-Mance, même si le nom était déjà largement utilisé par la population. Enfin, en 1914, une rue est baptisée en son honneur.
En mai 2012, Jeanne Mance s’est retrouvée au coeur du polémique et d’un combat d’historiens. Le maire de Montréal a en effet décidé de lui donner le statut de cofondatrice de Montréal. Certains historiens affirment que son rôle a en effet été minimisé parce qu’elle est une femme, et que tous les honneurs sont revenus à son comparse le Sieur de Maisonneuve. D’autres historiens, au contraire, considèrent que parce qu’elle était une femme dans une société très machiste, il était impossible pour elle d’avoir un rôle prépondérant. Ils ajoutent que le maire souhaite transposer dans le passé le concept moderne du féministe, et ainsi réécrire l’histoire. Christian Roux a d’ailleurs signé un très bon article dans le Devoir, intitulé “l’histoire détournée“. Il écrit que “la parité n’existait pas au XVIIe siècle” et que “l’intérêt de l’histoire, ce n’est pas d’y plaquer les valeurs d’aujourd’hui”. Pour lire un autre son de cloche, consultez le rapport de l’historien Jacques Lacoursière, qui a servi de support à la décision du maire. Une vidéo a été réalisée pour retracer la vie de Jeanne Mance et montrer l’importance de son rôle dans la création de Montréal.