Parc Jean Drapeau – 1000 arbres sacrifiés et pas de piscine cet été
Le Parc Jean Drapeau fait beaucoup parler de lui cette semaine, et pas qu’en bien! D’abord en annonçant que la piscine serait fermée pour au moins un an en raison de travaux à proximité, et ensuite en annonçant l’abattage de 1000 arbres pour faire de la place aux nouvelles constructions, qualifié de massacre à la tronçonneuse par l’opposition. Joyeux Anniversaire Montréal!
Il y a deux ans, j’avais été marqué par un article du JDM intitulé “Parc Jean-Drapeau: opération charme pour ramener les Montréalais“. Danièle Henkel, la nouvelle présidente de la Société du parc Jean-Drapeau (SPJD) y dressait un constat sans appel et lucide de la situation. Le parc n’attire plus. les montréalais le boudent.
Elle apparaissait volontariste, et promettait de prendre les choses en main pour que le parc retrouve son attrait. Sauf que son interview se terminait par l’annonce de deux nouveautés qui selon elle était de nature à redorer le blason du parc : l’ajout d’obstacles gonflables sur les eaux de la plage payante, et une activité de Flyboard (payant et très cher). Après la lecture de l’article, il était donc difficile d’être optimiste pour l’avenir.
Pourtant, il ne faut pas chercher bien loin pour trouver des solutions “simples” et peu coûteuse. Comme Madame Henkel le souligne, le Parc Jean Drapeau est “un endroit qui appartient aux Montréalais. Quand on en parle, on devrait tout de suite penser famille, pique-nique, musique, festival“.
La suite logique de cette affirmation pleine de bon sens serait de proposer un accroissement des espaces verts, l’aménagement de zones de détentes gratuites et l’ajout d’activités récréatives pour toute la famille.
Je proposerais par exemple de déplacer l’affreux parking de la ronde, qui est situé au meilleur emplacement de l’île en terme de vue sur la skyline de Montréal. Prenons exemple sur les îles de Toronto, et remplaçons tout ce béton par de la verdure, des arbres, des zones de pique-nique gratuites. Je construirais également un vrai parcours santé qui ferait le tour de l’île. J’ajouterais des petits cafés, des stands de bouffe de rue, des chaises longues, des bancs, une piste de patinage l’hiver (il y en a eu une il y a quelques années mais elle a disparu depuis). J’installerais un cinéma en plein air, gratuit et au bord du fleuve. Je bannirais l’auto de l’île, j’ajouterais des services de locations de vélo, des activités aquatiques gratuites, des musées attractifs (qui a déjà visité le musée de la biosphère, et qui sait vraiment en quoi il consiste ?)
L’autre gros problème de l’île, c’est aussi son accès. Prendre le métro pour s’y rendre est long et pénible, notamment à cause de la correspondance interminable à Berri-Uquam. Le prix du billet est également dissuasif pour ceux qui n’ont pas d’abonnements. Il est également incompréhensif qu’il n’y ait pas d’accès au départ du Vieux-Port. Il y a bien théoriquement une navette fluviale, mais en 6 ans depuis mon arrivée, je ne l’ai vue qu’une fois. Le prix (8.50$ aller-retour), et les horaires (une navette par heure, dernier départ à 19h30 en semaine) sont loin d’être motivants. A vélo, c’est encore pire. Vous avez le choix entre le pont Jacques Cartier, loin d’être une promenade bucolique, ou un grand détour via le pont Victoria. Une fois sur place, vous serez probablement épuisé par tant d’efforts et n’aurez plus le goût de vous promener sur l’île. Pourquoi ne pas mettre en place une navette gratuite en bus au départ du Vieux-Port, ou une navette fluviale incorporée au réseau STM ?
Mais non, la municipalité et la SPJD ont choisi de développer des zones bétonnées, de favoriser le développement d’activités de spectacle bruyantes et payantes, au détriment des familles, des amoureux de la nature et des touristes.
Revenons donc à ce fameux projet de revitalisation qui fait couler beaucoup d’encre, et qui est responsable de l’abattage des arbres et de la fermeture de la piscine. Les objectifs de ce projet tels que décrits sur le site du Parc font sourire : “Recréer l’esprit d’Expo 67, devenir une destination en soi, conjuguer nature et culture, révéler le génie du lieu”. Une jolie succession de lieux communs vides de sens. Coût du projet ? 73M$ dont 38M financés par la ville de Montréal, donc par nous. Et le contenu ? Un amphithéâtre pouvant accueillir 65000 personnes, une (petite) promenade riveraine au bord du fleuve – entre le parking et la pointe de l’île – un village événementielle, une agora naturelle, et un réaménagement de l’allée menant à la sculpture de Calder. Il y a pourtant d’autres espaces à Montréal qui pourraient accueillir des grands festivals musicaux. Je pense par exemple à un grand espace vide et sous-utilisé, déjà bétonné, situé juste à côté du jardin botanique.
Un regard sur les dessins techniques donne presque envie de pleurer : du béton, du béton, du béton. 73M$ d’investissements pour favoriser le déroulement des festivals payants qui se tiennent l’été au Parc. Une citoyenne, Ginette Boivin a lancé une pétition pour stopper ce projet qui n’a pas fait l’objet de consultation publique et qui ne vise selon elle qu’à favoriser le promoteur privé Evenko, promoteur d’Osheaga et du Festival Heavy MTL.
Pour conclure, j’aimerais vraiment que les responsables de ce projet nous expliquent ce qui les a poussés à lancer les travaux en plein 375e de Montréal. Que vont penser de nous les touristes qui viendront sur l’île cet été, et qui y trouveront un parking, un chantier, et une piscine fermée?
Carrément désolant comme projet… je viens de signer la pétition. Merci pour le partage !